LE VIETNAM 3 EN 1

 

La réunification du Vietnam réalisée en 1975 est loin d’avoir effacé les différences, non seulement entre le Nord et le Sud, mais aussi entre les trois anciennes composantes du pays que l’on nommait autrefois Tonkin, Annam et Cochinchine. Pour le voyageur, ces différences sont flagrantes : topographique, climatique, historique, linguistique, culturelle, gastronomique.

Le Sud américanisé à outrance dans les années 60, a conservé son côté d’insouciance apparente, de vie décontractée et (relativement) facile. Le sud c’est bien sûr l’Ex-Saigon, Hochiminh ville, le cœur économique du pays où se côtoient l’ancien et le moderne, mais c’est aussi la beauté du delta du Mékong avec ses marchés flottants et ses plantations luxuriantes quadrillés de canaux.

Le Nord, fief historiquement communiste, les traditions n’ont jamais été vaincues par l’idéologie marxiste. Avec la paix retrouvée, elles s’épanouissent de nouveau. Les temples et les églises retrouvent leurs pratiquants, mais surtout la vie rurale nous apparait telle qu’elle était il y a un siècle. Peu de mécanisation, mais il y a le spectacle séculaire des paysans vietnamiens avec leurs chapeaux coniques, cheminant à pied ou à bicyclette, travaillant encore dans les champs avec des charrues tirées par des buffles, et écopant les rizières à la main. La pauvreté n’entame pas une hospitalité et une gentillesse qui ne s’est jamais tant développée que depuis que ce peuple est libre. Le Nord, c’est les plus beaux paysages de l’ex-Indochine, dont la beauté culmine dans la baie d’Halong, mais aussi la beauté sereine de ses campagnes, de ses villages, de ses temples, le courage et la ténacité de ses habitants.

Entre les deux, le Centre, bien qu’ayant subi lui aussi une certaine américanisation, est retombé dans une léthargie paisible. C’est un peu «la belle au bois dormant du Vietnam», où les traditions renaissent peu à peu. Une région soumise aux caprices des tempêtes tropicales annuelles. Seule l’industrie du tourisme sort de terre comme un haricot géant. Le Centre, c’est Hue, la dernière capitale des empereurs vietnamiens, la ville de la poésie et de l’harmonie ; ce sont ces longues plages de sable blanc frangées de cocotiers.

Mais pourtant ruiné et dévasté par 30 années de combat pour la réunification en1975, le Vietnam semblait abandonné aux ténèbres de l’histoire. Retranché sur lui-même, privé de tout, isolé depuis les années 80, il s’ouvre petit à petit au monde extérieur après la levée de l’embargo américain en 1994. Il semble qu’il n’y ait pas de limite à son expansion, tout change très vite, dans une espèce d’impatience à rattraper le temps perdu. Ce dragon, symbole de force et de bienfaits en Asie, n’est pas prêt de replonger.